Le XIXème siècle voit l'émergence des sciences préhistoriques. Surnommé "le Prince savant", Albert Ier de Monaco (1848-1922), est l'un de ceux qui se passionne pour l’Anthropologie et l’Océanographie.
Lorsqu'il fait entreprendre des fouilles dans les grottes de Grimaldi, à la frontière italienne, il demande à Marcellin Boule de les diriger.
Des années plus tard, raconte Marcellin Boule, "il me dit l’intérêt qu’il y aurait à donner un centre aux études de Paléontologie humaine.
Le 29 mars 1910, on inaugura solennellement à Monaco, le Musée Océanographique [destiné à essayer de projeter quelque lumière sur les origines de la vie]. Après la cantate de Saint-Saëns, le prince s’approcha de moi : « C’est bien, cette fête !… Bientôt ce sera votre tour ».
Il vint me voir un après-midi d’été au Muséum pour découvrir le squelette de l’Homme de La Chapelle-aux-Saints.
Très impressionné à la vue du vénérable document ostéologique, il resta fort longtemps à le contempler, à l’examiner sous toutes ses faces, à scruter les détails particuliers de sa morphologie. Puis le soir tomba ; le couchant s’embrassa derrière le dôme du Panthéon et les silhouettes plus fines des autres monuments de la montagne Sainte-Geneviève. Là, devant ce beau spectacle, le Prince me fit part d’un nouveau projet auquel il pensait depuis longtemps et qu’il était maintenant décidé à mettre en exécution. Et il me demanda de lui préparer un plan d’organisation d’un Institut de Paléontologie humaine."
Le Prince officialisa ses intentions le 23 novembre 1910 au Ministre de l’Instruction publique en dotant ce futur établissement d'un immeuble à construire et d'un capital.
Le 15 décembre 1910, l’Institut de Paléontologie humaine fut reconnu d’utilité publique par l’Etat français avec pour but "le progrès de la science sur toutes les questions relatives à l’origine et à l’histoire de l’Homme fossile".
Avec des laboratoires pour étudier le produit des fouilles effectuées par le personnel de l’Institut, des publications servant à faire connaître les résultats des fouilles et les recherches scientifiques ainsi que des cours et des conférences, le Prince dotait cet Institut de moyens complets. Il s'agit ainsi du premier centre permanent de recherche au monde consacré à l'étude des origines de l'homme.
L’institut devait être ouvert à la fin de 1914. A cause de la guerre, c’est finalement le 23 décembre 1920 qu’il fut inauguré en présence d'Alexandre Millerand, président de la République Française, et de nombreux invités.
Edouard Bouyé, Bernard Coste, Nicole Vatin-Pérignon, "Marcellin Boule (1861-1942) De Montsalvy aux hommes fossiles", Photothèque et archives cantaliennes - Gens du Veinazès - 2010.
G. Charensol, "Marcellin Boule", journal "Le Cantal Républicain", mercredi 16 juin 1937, Archives départementales du Cantal.
Marcellin Boule, "L'oeuvre anthropologique du Prince Albert Ier de Monaco", L'Anthropologie. Tome 33, 1923.
"Inauguration de l'Institut de Paléontologie humaine", L'Anthropologie. 1921.
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