Au moment de la Révolution française, Jean-Louis-Benjamin de Pélamourgue, Seigneur de Cassaniouze, descendant d'une vieille famille vivant depuis la fin du 14ème siècle au village de La Guillaumenque, est déclaré contre révolutionnaire et émigre à Lyon. Ses propriétés sont vendues et sur 14 lots, 6 dont le château de La Guillaumenque, son habitation, sont adjugés à Jean Revel, son ancien régisseur devenu maire de Cassaniouze.
Pour éviter de possibles surenchères, Revel affirme alors qu'il achète ces lots pour les préserver et les remettre ultérieurement à son ancien maître "Monsieur de Cassaniouze".
A l'automne 1798, Pélamourgue retrouve sa terre cantalienne mais lorsqu'il veut récupérer ses biens, Revel a oublié ses promesses. "Monsieur de Cassaniouze" décide de se venger du félon et avec
des complices, pratique des expéditions punitives à la Guillaumenque. Vol de bétail, coups de feu et pillage de récoltes deviennent quotidiens.
Inquiet, Revel dénonce ces événements mais malgré une surveillance accrue, rien ne permet d'arrêter le fauteur de troubles.
Dans la nuit du 7 au 8 juin 1799, à la Guillaumenque, Revel, aidé de trois gendarmes, tend une embuscade mais un homme de Pélamourgue tue un gendarme au cours de cette escarmouche. Cette mort émeut les représentants de l'administration qui installent une compagnie de trente hommes autour de Cassaniouze mais aux frais de la commune. Huit jours après, devant l'hostilité de la population soumise à ce lourd impôt, le camp est levé et Pélamourgue court toujours !
Le 19 ventose an 8 (10 mars 1800) le baron Riou, préfet du Cantal, reçoit du brigadier Costes ce rapport : "La brigade de [Montsalvy] avait arrêté [...] Méallet de Polvrières, prêtre insermenté porté sur la liste des émigrés [et] l'avait conduit à Montsalvy pour le transférer le lendemain dans la maison d'arrêt de la commune d'Aurillac.
[Le] 18, on fit partir ledit Méallet prêtre, pour Aurillac, sous la conduite des citoyens Jean Auzolle et Christophe Acier, gendarmes de la résidence ; qu'Auzolle donna son cheval au dit prêtre et monta sur celui du citoyen Costes, brigadier ; qu'arrivés auprès de la forêt de Mayenobe, dans la commune de La Besserette et étant descendus de cheval, les deux gendarmes furent assassinés dans la grande route et tués sur place par une troupe de brigands armés qu'on dit être au nombre d'une vingtaine ; que la jument du brigadier est atteinte de deux coups de feu..."
L'enquête attribue l'attentat à Pélamourgue qui parvient un an après, à tuer son ennemi Revel. Une expédition militaire est alors organisée à Mourjou et le gendarme Terrisse d'Aurillac abat "Monsieur de Cassaniouze".
La bande de Pélamourgue est arrêtée et jugée.
Quant au curé Méallet de Polvrières qui finira ses jours à La Besserette, il gardera comme séquelles de son rapt un bégaiement prononcé et un bras invalide.
En 1939, une stèle est érigée à la mémoire des gendarmes Acier et Auzolle.
Bernard Coste, Le petit guide de Montsalvy (nouvelle édition), Association Gens du Veinazès, Paris, 2001.
Jean-Paul Bonhuil et Bernard Coste, La gendarmerie, Chronique du Veinazès N°6, Association Gens du Veinazès, Paris, 1998.